Bilan énergétique du Niger

Version imprimableEnvoyer à un amiVersion PDF

1.     Bilan énergétique global

La consommation globale en énergie primaire du Niger s’est établie à environ 2,6 millions de tep en 2000. La consommation par tête, 0.242 tep par habitant, est l’une des plus faibles du monde.

Consommation d'énergie primaire par tête

Figure 1 : Une des plus faibles consommations d'énergie primaire au monde

Le bilan énergétique du Niger fait apparaître une prédominance écrasante de la biomasse (bois-énergie et résidus agricoles) avec 93 % du bilan de la consommation primaire. Les autres énergies (pétrole, gaz, électricité…) ne représentent que 7 % du bilan global.

En termes de consommation finale, c’est le secteur résidentiel-tertiaire qui domine le tableau avec 95,1 %, largement devant l’ensemble des secteurs productifs qui représentent 4,9 % du bilan dont 4,13 % pour le transport ; 0,75 % pour le secteur industrie-mines et enfin 0,02 % pour l’agriculture.

2.     Bilan du secteur électrique

La consommation électrique globale a été de 465 GWh en 2003. La production nationale ne représente que 40 % de l’électricité consommée au Niger avec 6 % pour la NIGELEC (Société Nigérienne d’Electricité) et 34 % pour la SONICHAR (Société Nigérienne de Charbon). Ainsi, le Niger importe 60 % de son électricité en provenance du Nigeria.

La puissance installée sur l’ensemble du pays est lilliputienne : environ 70 MW dont 37 MW pour la SONICHAR. Presque l’ensemble des unités de production électrique installées utilisent des sources fossiles : gaz pour 2 turbines à gaz (10 MW chacune, mises en service en 1980 et 1982) ; diesel pour les groupes électrogènes de Goudel (12 MW, mise en service en 1985), de Zinder (5,2 MW, mise en service en 1993), de Tahoua (3 MW, mise en service en 1993) ; charbon pour les turbines de la SONICHAR (18,8 MW chacune, mises en service en 1981 et 1982).

Le réseau électrique national est constitué de 800 km de lignes de transport et 2700 km de lignes de distribution. Ces chiffres sont à rapprocher avec l’immensité du pays : 1 267 000 km2. Ce qui conduit à une couverture électrique extrêmement faible avec un taux d’accès au réseau électrique national de 6,5 %. L’accès à l’électricité est très discriminatoire selon les zones d’habitation avec une moyenne de 30 % pour les zones urbaines et seulement 0,1 % pour les zones rurales qui abritent plus de 80 % de la population nigérienne.

3.     Bilan du secteur des énergies fossiles

La consommation des énergies fossiles est constituée essentiellement de produits pétroliers et de charbon. La consommation de gaz est marginale du fait de l’absence de réseaux gaziers urbains et la faiblesse des circuits de distribution de gaz en bouteilles.  

En 2003 la consommation de produits pétroliers s’est élevée à environ 180 000 m3. La SONIDEP (Société Nigérienne des Produits Pétroliers) a une capacité de stockage installée de 48 000 m3 dont une réserve de sécurité de 12 000 m3 qui correspond à 25 jours de consommation.

Pour la même année, 150 000 t de charbon ont été produites et consommées par la SONICHAR.

La totalité des énergies fossiles est importée, à l’exception du charbon.

4.     Bilan du secteur des énergies renouvelables

Comme pour le bilan énergétique global, la biomasse domine le tableau des énergies renouvelables. C’est l’unique source d’énergie pour plus de 90 % des ménages nigériens.

La consommation annuelle totale de biomasse s’élève à 200 000 t de bois et quelques dizaines de tonnes de charbon de bois.  Cette consommation représente 700 000 stères de bois, soit entre 100 000 et 150 000 ha prélevés chaque année sur le maigre couvert végétal d’un pays à deux tiers désertique.

Compte-tenu de l’insuffisance des programmes de reboisement, l’exploitation du bois-énergie est une des problématiques environnementales majeures à laquelle le Niger doit faire face.

En dehors de la biomasse, l’exploitation d’autres formes d’énergies renouvelables est anecdotique. L’hydroélectrique malgré toutes ses promesses n’en est qu’à ses balbutiements, avec le projet Kandadji qui est en phase de réalisation.

L’énergie solaire est largement sous-exploitée eu égard à l’incroyable potentiel du pays. En 2001, la puissance installée est seulement de 435 kWc destinés aux secteurs de l’hydraulique (pompage et irrigation), des télécommunications (antennes hertziennes) et de l’électricité rurale (éclairage des écoles, réfrigération, dispensaires…).

Une quarantaine d’installations éoliennes sont mises en place et destinées aux adductions d’eau isolées, à l’irrigation et à la pisciculture.

5.     Bilan des autres formes d’énergie

Le Niger est un des producteurs mondiaux d’uranium les plus significatifs. Il se classe 6ème en 2008 avec 3032 t. L’exploitation a commencé à la fin des années 60. Deux entreprises d’exploitation sont actuellement en activité dans la zone de l’Aïr pour le compte de la multinationale nucléaire française AREVA : SOMAIR (Société des Mines de l’Aïr) et COMINAK (Compagnie Minière d’Akouta). À cela il faut ajouter une multitudes de projets d’exploitation du minerai d’uranium à des stades d’avancement entre la prospection et la réalisation dont le plus significatif est la mine d’IMOURAREN qui est annoncée avec une capacité de 5 000 t par an.

En dépit de cette richesse, l’uranium ne rentre dans aucune forme de production énergétique sur le territoire nigérien.

Commentaires

Complément à votre contribution

Bonjour M. Hamma Lamine,

Nous vous remercions pour votre contribution utile. En réponse nous vous engageons à la lecture complète de notre dossier sur ce site. Vous verrez que notre argumentaire est construit en faveur d'une politique énergétique ambitieuse autour de la promotion d'un mix énergétique mettant à profit toute la richesse du potentiel énergétique du pays et bien adapté aux réalités socio-économiques de ce dernier. Les énergies renouvelables ne sont qu'une partie de ce mix.

 

Voici la suite complète du dossier pour poursuivre votre lecture :

 

Bien à vous.

 

 

 

Contribution

Je pense que quand il s'agit de sujet aussi complexe que l'independance energetique, l'avis des specalistes devraient primer. Etant moi meme Nigerien du domaine energetique et très concerné par la question je me permet d'apporter mes modestes contributions au sujet .

-> Voila tout d'abord sachez que l'energie renouvelable ne constitue et ne peut en aucun cas constituer une source d'energie fiable , et ce pour les raisons suivantes :

->L'energie renouvelable est très aleatoire et volatile. Un pays se voulant inependant et souverain energetiquement ne peut pas se permettre d'investir dans l'energie renouvelable avant d'atteindre son tout au moins son independance energetique grace au moyen conventionnel.

Une petite histoire pour le fun, l'eclipse solaire du 20 mars 2015 a fait chuter la production energetique  europeenne d'environ 20 GW( c'est titanesque meme pour l'europe) durant quelques heures ce qui aurait pu causer un black out de certains pays si l'Europe n'avait pas les moyens de produire ce deficit avec des moyens classiques donc en resumé on ne peut compter sur l'energie solaire , en tout cas on ne peur pas compter sur cette energie à des proportions très elevées.

Je ne suis pas le suel à le pense,c'est l'avis de tout les specialistes , l'energie renouvlable doit etre utiliser pour reduire les rejets en CO2,et non pas comme source sur . Aussi j'etais recemment à un seminaire tenu par un laboratoire de recherches avancées en integration des energies renouvelables sur les reseaux electriques et en convertisseurs electroniques(ceux dont sont occupés toutes sources d'energies renouvelables), ces chercheurs affirment qu'il n'existe aucun reseau au monde qui fonctionne(ou qui pourrait fonctionner) integralement sur les convertisseurs issus des sources d'energie renouvelable et que ces types de reseau ne sont pas pour un futur proche. 

Aussi sachez que une integration trop important du renouvelable sur le reseau electrique a des consequences très graves sur la stabilité de ce dernier, d'ailleurs c'est encore un sujet de recherches d'actualité dans les laboratoires du monde entier.

Le deuxieme probleme des energies renouvelables est leur cout exhorbitant.

Certains me dirons que l'allemagne et biens d'autres pays européens se sont lancés et le font très bien, a ceux la je reponds par le fait que ces pays sont interconnectés avec d'autres pays d'Europe et ce que les sources d'energie renouvelables n'arrivent pas à produire, c'est à des prix exhorbitants qu'ils l'achetent à leurs voisins, sachez aussi que les governements europeens souffrent le martyr pour pouvoir subventionner les enrgies renouvelables qui ne sont pas rentabes (alors la pas du tout)

Pour la petite histoire le projet Noor Marocain qui semble pourtant etre un franc succès ne tient la face que parce le Roi Marcorain y investit  la somme colossale de 100 millions d'Euros en subvention annuelle. 

Y'a bien d'autres problemes techniques, financiers et technologiques qui justifient que l'on ne doit pas se tourner au renouvelable à grande echelle.

 

Mon point de vue est le suivant : un reseau electrique (Production + Transport + Distribution) est d'autant plus fiable qu'e ses sources d'energies sont variables (pour infos le charbon constitue à nos jours la source la moins chère) et que ce dernier est raccordé à d'autres reseau fiable

L'utilisation du charbon minéral pour réduire le déboisement

Bonjour,

 

Merci pour votre commentaire et votre question. Votre intérogation concerne le point 1.c de cette page, à propos de l’utilisation des briquettes de charbon carbonisé pour la substitution du bois-énergie

Comme indiqué le bilan de cette substition sur les émissions de  CO2 serait bénéfique car les arbres qui ne seront plus coupés (pour l'usage en bois de chauffe), du fait de l’utilisation du charbon minéral capteront (par photosynthèse) le CO2 produit par la combustion du charbon de substitution, ce qui aura un effet compensatoire.

On peut donc raisonnablement prévoir que cette substitution serait bénéfique pour l'environnement. C'est cela le sens de notre démonstration.

bonjour, j'avoue etre bluffé

bonjour, j'avoue etre bluffé par vos écrits sincèrement

j'ai juste une question par rapport à l'utilisation du charbon et du bilan global en CO2

ce rapport sera-t-il vraiment meilleur vu que vous dites également que la couverture végétale n'est pas dense.

Production d'énergie éolienne

Bonjour,

 

Merci pour votre commentaire. On peut effectivement envisager sérieusement de produire de l'énergie éolienne au Niger. Les vitesses moyennes des vents annoncées par la déclaration de politique énergétique de 2004 sont de 2 m/s à 5 m/s (voir cette page de notre étude : http://www.cridecigogne.org/content/potentiel-energetique-du-niger). Ce sont des vents constants dans certaines zones du territoire, ce qui autorise à installer de petites éoliennes pour des besoins mécaniques (pompage d'eau) ou électriques.

 

Cela dit il ne faut perdre de vue que l'énergie renouvelable à fort enjeu au Niger, c'est le solaire (à côté de l'hydraulique) compte de la durée et de l'intensité de l'ensoleillement du pays.

 

 

Peut on sérieusement

Peut on sérieusement envisager une production d'énergie éolienne au Niger? Cdt

Je vous remercie pour vos

Je vous remercie pour vos réponses qui sont on ne peux plus pertinentes; pour être hônnete je suis subjugué par votre connaissance du dossier.

Recevez l'expression de mon profond respect.

Charbon et développement durable au Niger

Bonjour Ténéré,

Vos remarques sont pertinentes. Voici quelques éléments de réponse.

1- Comment se fait-il qu'il y a toujours des problèmes dans la continuité de l'alimentation électrique ?

Lorsque vous parlez d'investissement dans le secteur électrique, vous faites sans doute allusion à cette décision du conseil des ministres du 3 juillet 2008, dont nous avons rappelé la teneur dans ce dossier. Il faut remarquer qu'il ne s'agit dans cette décision que de renforcer la réserve froide de la Nigelec, c'est-à-dire la puissance mobilisable en cas de défaillance de la fourniture en provenance du Nigéria. Cette puissance est inférieure à 100% de la demande. Elle ne sera donc pas suffisante pour alimenter tout le monde en cas de problème au Nigéria. En outre à l'heure actuelle, nous n'avons pas d'éléments permettant de vérifier que l'investissement décidé en conseil des ministres a bien été réalisé.

Tout ceci explique les problèmes que vous décrivez.

2- Le Niger ne devrait-il pas avoir recours massivement au charbon pour sa production électrique ?

Compte-tenu de la situation actuelle (abondance de la ressource, technologie conventionnelle...), vous n'avez pas tout à fait tort de considérer que le Niger doit axer le développement de sa filière électrique sur le charbon.

Cependant il faut avoir en tête que les réalités physiques du Niger (urbanisation, densité, superficie...) imposent de développer une électricité rurale en même temps que l'électricité de réseau. L'électricité rurale devrait être décentralisée et reposer sur les ressources renouvelables avec le solaire en tête. L'électricité de réseau, notamment pour l'alimentation des grands centres urbains ou des industries, pourraient effectivement être tirée à partir de centrales thermiques à charbon (et à terme, au gaz ou au fioul). Il ne faut pas néanmoins négliger l'apport de l'hydroélectricité qui devrait être exploitée grâce au barrage de Kandadji (125 MW attendus).

Il n'y a donc pas de "dogme" à avoir vis à vis de telle ou telle source d'énergie. Comme nous l'avons rappelé dans notre dossier, toutes les formes d'énergie doivent être considérées pour ce qu'elles peuvent apporter au mix énergétique nigérien et pour leur avantage économique.

3- Doit-on développer le charbon à l'heure du développement durable ?

Nous vous rejoignons dans votre analyse lorsque vous dites "qu'il faut faire avec ce qu'on a". En fait lorsqu'on fait une analyse complète de l'ensemble de la chaîne de production et des substitutions et changements de comportements qu'entrainerait une production d'électricité à partir du charbon, celle-ci pourrait même conduire à un bilan global meilleur en CO2 par exemple. En effet, à terme, l'électricité pourrait se substituer au bois dans les cuisines nigériennes. Les arbres ainsi sauvegardés capteront, lors de leur croissance, le CO2 produit par la génération éléctrique. Bref l'impact global sur l'environnement peut être positif si on s'y prend avec reponsabilité.

4- Quid du pétrole dans la production électrique ?

A notre connaissance la future production pétrolière au Niger ne sera destinée qu'à la production de combustible final par la raffinerie de Zinder ainsi que l'évacuation de brut par pipeline. Nous n'avons pas connaissance d'un programme prévoyant l'utilisation du fioul comme combustible pour une éventuelle centrale électrique.

Par ailleurs nous avons souligné dans notre dossier que le Niger devrait profiter du passage du gazoduc transsaharien sur son territoire pour vulgariser l'utilisation du gaz (réseaux gaziers, distribution en bouteilles, centrales à gaz). A l'heure actuelle, aucun projet dans ce sens n'a été officialisé.

 

Merci pour votre contribution.

Comment se fait-il qu'après

Comment se fait-il qu'après un tel investissement (12 milliards), ce qui n'est quand même pas négligeable, qu'on connaisse toujours les mêmes problèmes quand à la fourniture de l'énergie électrique?A mon avis le niger devrait se doter de centrales à charbon (c'est vrai que c'est polluant, mais c'est la seule manière d'acquerir une certaine indépendance énergétique rapidement et à moindre côut) vu que du charbon il y'en a beaucoup au Niger. Vous en pensez quoi? c'est vrai qu'on est à l'heure du developpement durable, mais il faut faire ce qu'on peut avec ce qu'on a. A moins que le pétrole qui sera bientôt produit au Niger puisse répondre à la demande nationale.

Complément d'information sur le Bilan du secteur éléctrique

Concernant, les 2 turbines à gaz mentionées, elles se trouvent respectivement à Goudel et à Gamkalley. Actuellement un programme est en cours pour transferer celle de Goudel à Gamkalley.

Aussi, il faut souligner l'investissement de 12 milliards de FCFA (Prêt accordé par une banque Indienneà la Nigelec) par la NIGELLEC pour récuperer des anciens groupes éléctrogènes ( à capacités limitées) qui seraient installées dans les 8 regions du Niger. Le fuel de leur fonctionnement sera détaxé: Quelle indépendence énergétique!

Publier un nouveau commentaire

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.
  • Les adresses de pages web et de messagerie électronique sont transformées en liens automatiquement.

Plus d'informations sur les options de formatage

CAPTCHA
Protection contre le spam : cette question permet d'éviter l'envoi des spams par les robots
Image CAPTCHA
Enter the characters shown in the image.