Eviter de nouvelles sources de dérapages

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Afin de sortir grandis et satisfaits de cette transition politique, les Nigériens doivent éviter de tomber dans certains pièges.

Par exemple, certains Nigériens réclament purement et simplement de disqualifier les anciens  leaders politiques (c.-à-d. ceux qui ont exercé le pouvoir depuis ou avant la conférence nationale) de la course au pouvoir. Et ce, au motif que ces derniers n’ont pas su apporter des réponses efficaces au problème de développement du Niger.

Quand on sait les frustrations accumulées par les jeunes générations devant l’échec de leurs aînés, cette vision est compréhensible voire justifiable.

Nous ne remettons pas en cause le constat selon lequel l’ancienne classe politique a failli, c’est une réalité. Mais regardons dans le fonds les enjeux de cette idée :  

  • Disqualifier les anciens leaders ne garantit pas forcément que la classe politique qui émergerait fasse mieux pour le Niger. Il n’est pas certain que tous ceux qui rentreront dans l’arène politique comme nouveaux acteurs, jeunes ou plus âgés, se démarqueront des « anciens » en termes de tentation pour le pouvoir, d’incompétence technique ou de corruption. Par exemple, des jeunes et des personnes sans véritable antécédent politique dans l’histoire, issus des partis politiques et de la société civile, ont joué des rôles visibles très controversés et très critiqués dans l’épisode qui vient d’être clos (le Tazarcé). Cela indique qu’il faut rester vigilant et ne pas être hâtif, même si le fait de renouveler la classe politique reste un élément important.
  • Vouloir mettre brusquement hors jeu les anciens leaders, ancrés sur des partis populaires et sur tout un réseau de relations sociales peut être porteur de division et de troubles. Et le Niger, justement, n’a absolument pas besoin de source d’instabilité supplémentaire à ce moment précis de son histoire.
  • Dans le fonds, nous ne trouvons pas les voies démocratiques permettant de disqualifier formellement du jeu politique ces anciens leaders, qui restent malgré tout des citoyens à part entière. On ne peut écarter arbitrairement des citoyens du jeu politique. En effet, cela n’est possible que si tous les acteurs à disqualifier ont un casier judiciaire « politique » entaché qui justifierait cela, légalement. Ce n’est pas le cas pour tous les anciens leaders. Et envisager, comme le réclame déjà des Nigériens, une mise en accusation massive des anciens acteurs politiques (sous forme de conférence nationale ou autre…) peut s’avérer, à l’heure actuelle, non seulement une source de dérapages et d’arbitraire, mais surtout et encore une fois extrêmement dangereux pour la stabilité du pays.

Ainsi, à notre avis, la mesure et la raison voudraient plutôt que l’on envisage un renouvellement de la classe politique graduel, à partir de maintenant, mais qui sera effectif dans le moyen et long terme. Et cela, plutôt par une « disqualification » de fait, sur le terrain de la communication politique et de la campagne électorale. Démocratiquement, sans « coup de force » brusque et sans « tourmentes».

Le résultat de cette approche sera plus enraciné et plus efficace dans le long terme. Il viendra d’un effort de conscientisation des populations sur les échecs des anciennes politiques (corruption, médiocrité des programmes politiques…) et sur les vrais enjeux de développement. Il passera aussi par une éducation véritable des populations en matière électorale et de démocratie, qui prémunirait des anciennes pratiques (achat de vote, vote sur critère de clan, vote sans connaissance des programmes électoraux, élus non redevables de comptes aux électeurs).

Une telle approche, on le voit, sera plus pédagogique et plus durable. Elle implique une mobilisation de la jeunesse, dès maintenant, sur le terrain politique et, surtout, que cette jeunesse soit porteuse de véritables changements de vision, d’éthique  et d’innovation politiques.

 

Moratoire sur les poursuites judiciaires.

Dans la même logique, les poursuites anti-corruption engagées par Tanja doivent être bien démêlées entre ce qui relève de la politique politicienne et ce qui est fondé. Dans tous les cas, il ne revient ni au CSRD ni aux institutions de la transition de traiter ces sujets. Il revient à l’institution judiciaire de faire la part des choses et d’engager les actions qui s’imposent contre tous ceux qui sont coupables de corruption ou de détournement de deniers publics. Nous proposons qu’un moratoire soit mis sur les poursuites durant la transition et que la justice reprenne son cours une fois des institutions démocratiques, crédibles et stables établies.

Durant la période de transition, toute autre source de dérapage doit être évitée pour privilégier une vision consolidée de paix et de développement socio-politique et économique. Nous espérons fort que ces idées recevront l’audition attentive et la compréhension objective de tous les Nigériens, notamment le CSRD, les politiques et tous les acteurs réfléchissant à la sortie de crise. Nous espérons que  par l’échange constructif les Nigériens arriveront à sortir de cette crise.

Commentaires

Mon avis rejoint à quelques

Mon avis rejoint à quelques détails près celui de mustaf, c'est clair qu'il ne faut pas passer l'eponge. Et quand vous parlez de "Moratoire sur les poursuites judiciaires", vous n'ignorez certainement pas que si on organise des élections directement, ce sont les mêmes politicards qui se retrouveront à la tête de l'état; et pensez vous hônnetementqu'à ce moment, ils pouront faire les frais d'une justice équitable ou même être traduits devant une cours?au contraire, dans ce cas on assistera à une justice à deux vitesses, en effet des gens seront jugés mais ce sera uniquement ceux là qui auront le malheur d'être dans l'opposition. J'avoue que votre politique de l'apaisement a quelques mérites (garantir la quiétude sociale à court terme),mais on peut préserver cette quiètude tout en garantissant que ceux qui ont des choses à se reprocher rendent des comptes. Pour éviter les dérapages que vous évoquez il faudrait que cela se passe dans un cadre consensuel avec la participation de toutes les composantes sociales. Je suis persuadé qu'aucun des partis politiques ne voudra d'une telle solution, alors ce sera à la socièté civile de militer pour qu'on s'achemine vers cette voie (la seule garantissant le renouveau politique, la quiétude sociale, et un avenir crédible).

le monde de barbie

Bonjour,

Quand je lis cet article j'ai l'impression que tout va bien au Niger et qu'on devrait passer l'éponge sur tout ce qui s'est passé... Mais non!

je vois que vous avouez à demi mot que tout ce que les ainés ont entrepris n'est pas forcement bon pour le commun des nigeriens, et par ailleurs vous dites que nous n'avons pas de garantie que la jeune génération ferait mieux.

Ben, on a vu les ainés à l'oeuvre et nous avons vu ce que cela à donné, now laissons la place à la jeune génération et l'on jugera aprés. il est trés prématuré de dire ce que fera ou ne fera pas la jeunesse, mais une chose est sure!

il gouverneront différement.

Beaucoups d'outils peuvent nous permettre de disqualifier une bonne partie de cette classe politique vieillissante qui est au pouvoir depuis les indépendances. EX: ne peuvent être éligibles que ceux qui ont le niveau BAC ou Brevet. ou mettre une limite d'age à 66 ans. et cela peut se faire en toute légalité.

Cela ne serait que justice lorsqu'on sait que l'espérance de vie au Niger tourne autour de 46 ans et que plus de la moitié de la population a mois de 17 ans.

Le pire shéma pour notre pays serait de laisser la situation telle quelle (comme vous y faites allusion) et de ne rien changer. La vie pôlitique toujours gangrainée par la corruption et le clientélisme. Nos jeunes diplômés condamnés à s'éxiler pour espérer survivre.

Je ne dis pas que c'est facile, peut être mm que c'est mal, mais un mal nécéssaire. L'on ne peut espérer le renouveau qu'en prenant des décisions grave et conséquentes. Il y va de notre survie à tous.

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