Traiter sans rancune le cas du président déchu et de ses dignitaires, avec une perspective digne et historique

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Aussi, une question à traiter avec délicatesse est le sort à réserver au président déchu. D’aucuns proposent de le juger, lui et ses compagnons d’infortune dans le Tazarcé. Nous estimons pour notre part que son cas doit être traité dans une logique non pas de rancune et de règlement de compte, mais plutôt dans l’objectif de la réconciliation des Nigériens et du rétablissement de la vérité historique. La gestion de ce dossier doit se faire en évitant toute tension sociale et tout abus. Par exemple, l’idée de faire juger Mamadou Tandja par un tribunal d’exception sous le contrôle de CRSD doit être bannie, car non respectueuse des droits fondamentaux.  Mais aussi, imposer une amnistie pure et simple, sans enquête (comme ce fut le cas avec l’assassinat de Baré) serait une deuxième erreur historique au Niger. Car cette amnistie ne sera pas « avalée » par tous les Nigériens, notamment ceux qui ont fait un an d’opposition au Tazarcé. Avancer sans « solder » cette question pourrait ouvrir la porte à des résurgences de conflit juridico-politique autour de celle-ci. Par exemple, aujourd’hui encore, et 10 ans après les faits, l’amnistie aux auteurs du coup d’Etat dans lequel le général Baré a été assassiné resurgit encore dans les débats, et cette amnistie semble loin d’être acceptée par une partie des Nigériens.

Nous proposons donc pour cela une solution plus conciliante et somme toute plus cohérente avec les valeurs démocratiques. C’est la mise en place d’une commission d’enquête mixte et autonome comprenant le Niger  et des institutions régionales et/ou internationales crédibles comme la CEDEAO (surtout), l’Union Africaine et les Nations-Unies, qui déjà se sont fortement impliquées dans la gestion de la crise nigérienne.  Le fait que la commission soit constituée aussi de personnalités extérieures, sera la garantie de son impartialité et de son objectivité.

Le rôle d’une telle commission sera de :

  • Enquêter sur ce qui s’est passé au Niger depuis les prémices du Tazarcé jusqu’au coup d’Etat du 18 février et rétablir les faits dans leur contexte politico-social et juridique.
  • Etablir les principales sources de dérapages et/ou d’erreur (vide juridique ou institutionnel, non respect de règles…).
  • Reconnaître les auteurs principaux des dérives ou erreurs établies.
  • Prendre des sanctions uniquement symboliques et/ou amnistier les auteurs.

Si cela est fait de cette façon, le cas Niger fera sans doute école dans toute l’Afrique, et on pourra en tirer des enseignements historiques. Aussi, le fait de faire la lumière et de jouer la carte de la transparence fera que les germes de la rancune (des nombreux Nigériens et Africains opposants au Tazarcé notamment) soit enterrés, sans pour autant tomber dans la condamnation systématique.

D’autres arguments, secondaires, plaident des circonstances atténuantes en la faveur du président déchu,  notamment le fait que beaucoup de Nigériens, n’aurait-été ce grave incident de Tazarcé, reconnaissaient en lui un exemple de patriotisme et de droiture (durant les 10 ans de ses mandats légaux).

Si on lui fait crédit de cette considération, il est possible de voir dans son comportement personnel au cours de cette crise plus une erreur –grave certes- et une carence à comprendre et jouer le jeu démocratique qu’une intention délibérée de nuire au Niger.

Commentaires

Respect des lois et régléments

Je vous remercie pour cette contribution que vous apportez en créant cette tribune de réflexion constructive sur le Niger dans son ensemble et non politiquement comme c'est le cas de bien de forums.

Je pense que tous nos problèmes et cela avant Tanja, sont partis de la négligence et du respect partiel et/ou partial des textes qui régissent pourtant notre vie de tous les jours. La gestion d'un état, tout comme celle d'une entreprise ou de tout business ne doit pas se baser sur le sentimental et le relationnel et c'est ce qui fait la différence entre les pays pauvres et les pays riches. Créer une commission mixte avec la communauté internationale ne fera qu'allourdir les choses avec beaucoup de bruits et surtout beaucoup d'argent à la clé. Ceux qui pensent que le mieux est de passer l'éponge sur tous les forfaits commis et laisser impunis les auteurs (qui certainement vont revenir sur la scène pour narguer les honnetes citoyens qui travaillent dure pour construire ce pays) n'ont qu'à penser aussi à tous ceux qui sont en prison pour avoir commis des forfaits ( dont certains relèvent de la survie) et à qui la loi n'a pas été tolérante.

Le Niger a tout donné à ces gens qui ont été logés, gavés, bien entretenu, enrichis par le travail des nigériens qui aujourd'hui scrutent le ciel à longueur de journée en vue de quelque prémices de pluie car le grenier est déjà vide, vide plus tôt que prévu, bien plus tot...et qui en guise de remerciement les ont asservis, appauvris et maintenus dans l'ignorance...bref les lois existent, il faut les appliquer; il n'y a pas d'autre issue si nous voulons sortir de la pauvreté, l'ignorance, et de tous les maux qui nous assaillent. Assez de compromis....

L'intérêt d'impliquer des acteurs indépendants

Je tiens à vous préciser que l'idée d'une commission mixte Niger-CEDEAO est ici présentée comme une alternative à discusser. Elle a donc des limites, mais aussi des avantages. Le point de départ (et là je pense que votre point de vue, moustaf, rejoint le nôtre), c'est qu'il ne faut pas continuer comme si de rien n'était, sans "solder" la question de la violation de la constitution et du non respect de l'équilibre des pouvoirs (entorse au pouvoir judiciaire de la part de l'exécutif notamment). Vous avez appelé cela "impunité", retenons juste que ça reste une impunité présumée tant qu'une commission d'enquête n'aura pas siéger et dit son mot.

L'originalité que nous avons voulu introduire, c'est d'inclure cela dans une vision historique, et en cela faire un cas d'école pour toute l'Afrique de l'Ouest, au moins. L'expérience du Niger en matière de changement constitutionnel n'est pas singulière, et il est important de faire le rapprochement avec ce qui se passe ou ce qui veut se passer ailleurs. Pour faire un lien avec l'actualité, il semble qu'en Colombie la cour constitutionnelle vient de rejeter un cas similaire de referendum constitutionnel pour changer la limite de mandats possibles. Mais là, contrairement au Niger, l'équilibre des pouvoirs semble pour l'instant respecté car le président colombien, ancien avocat, a déclaré d'après le Monde: "Je prends acte et je respecte l'arrêt de la Cour constitutionnelle".

L'avantange d'inclure des acteurs sous-régionaux ou internationaux, c'est que ces acteurs auront a priori moins de parti pris que des acteurs Nigériens. Aussi, ils serviront d'arbitres entre les acteurs Nigériens. Vous savez certainement que même si les violations de la constitution semblement flagrantes (et je suis d'avis à dire que c'est flagrant notamment en ce qui concerne la dissolution de la cour constitutionnelle, et le refus d'obtempérer à son arrêt, par exemple), ce n'est pas l'avis partagé de tous les Nigériens. Il y a eu toutes les tentatives d'interprétation tendancieuse de la constitution, les unes plus tordues ou plus partisanes que les autres. Donc dans ce cas, je pense, un arbitrage indépendant, offrant un regard extérieur sur les textes et les faits, peut être utile et conciliant. Aller dans ce sens n'entame pas la souveraineté du Niger, mais plutôt renforce l'intégration africaine et le rôle des institutions sous-régionales dans le maintien de la stabilité politique et la prévention des dérives anticonstitutionnelles.

Aussi, un autre intérêt de fair cette commission, c'est d'avoir des témoignages sur les faits. Il y a des zones d'ombres car le processus n'a guère été suffisament transparent, comme en témoigne le silence encore mistérieux du président sur la question jusqu'à une date où le débat était très avancé. Ou comme en témoingne la coïncidence troublante des tournures de ce débat avec la dissoulution de l'assemblée nationale. Une ciommission internationale (ou sous régionale simplement), pourra mieux à notre sens avoir la crédibilité nécessaire (par rapport à sa neutralité en l'occurence) pour apporter des éléments transparents sur ces interrogations. L'objectif étant par la suite de tirer des conclusions historiques qui serviront au Niger et aux autres pays (ça peut permettre de préciser par exemple les textes de la CEDEAO ou de les adapter davantange pour qu'ils servent de prévention communautaire plus efficace).

 

 

De la responsabilité

Salam

Encore une fois je ne suis pas du tout d'accord avec vous:

Pourquoi faire appel à l'union africaine ou même à la communauté internationale pour établir une quelconque preuve de la culpabilité de tandja?

Le cas de Tandja est une affaire nationale et le linge sale se lave en famille.

En effet je suis contre l'idée d'une commission spéciale CSRD pour juger Tandja, mais je crois aussi que l'on a nul bésoin d'attirer l'attention du monde sur le Niger.

La Réponse est toute simple. Nous disposons de textes à valeur constitutionels qui nous permettent de juger le cas Tandja sans parti pris aucun. L'on a pas bésoin de la communauté internationale pour prouver la culpabilité de Tandja quand même. La violation de la constitution est tellement flagrante que ça m'étonne encore de vous que vous ayez un tel point de vue.

On traitera tous les dossiers un à un et l'on établira la responsabilité de chacun à hauteur de son implication.

Je tiens encore une fois à dire que c'est nécéssaire pour notre pays. l'impunité ne peut plus continuer. mettons chacun devant ses responsabilité et voilà.

Quelle communauté internationale? Tandja leur à cracher au visage que je saches. je vous rassure, elle se moque bien du sort de Tandja, la CEDEAO encore moins.

Chacun doit assumer en toute conscience ces actes.

Merci

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