Jeunesse nigérienne…CARTON JAUNE !

« Ne pas prévoir, c’est déjà gémir » disait Léonard DE VINCI. Le constat est amer face à la jeunesse nigérienne, qui gémit déjà et semble ne rien prévoir. A défaut d’être une jeunesse d’avenir, engagée dans des débats responsables d’où émergent des idées novatrices, elle s’enferme dans un discours alarmiste qui tourne le plus souvent autour de trois (3) mots : « ON nous a délaissé », « ON nous a oublié », « nous sommes défavorisés » :   « le mauvais danseur accuse le batteur de tam-tam », dit un proverbe luluwa (RD Congo).

Sinon, elle s’aventure dans une grossièreté regrettable où des nigériens s’attaquent, sans porter de gants, pour imposer leur point de vue face à une question d’intérêt national.

Avec l’avènement de tazartché, tous ceux qui attendaient une jeunesse libre dans ses idées, indépendante dans ses positions et citoyenne par ses actions, restent encore sur leur faim. Au contraire, cette jeunesse est divisée et s’est vite polarisée : Tazartché et Antitazartché.

Cela est d’autant vrai que celui qui « ose » se prononcer sur la situation du Niger se verra automatiquement attaqué par l’une ou l’autre des deux parties, en fonction de la position qu’il défend: « tu n’es qu’un arriéré mental… », « ta mère doit avoir honte de t’avoir mis au monde… », « malhonnêteté intellectuelle… », ….Telles sont les formules, en version light, que les nigériens se balancent à la figure sur les forums de discussion. Même des spécialistes politologues ou sociologues font les frais de quelques énergumènes à cause de leurs (non) prises de position.

Le Niger souffre assez et n’a guère besoin de celui qui insulte le mieux. Mais de celui qui donne de son mieux pour que le pays ne soit pas « insulté » dans les prochains classements mondiaux.

Pire, même ceux qui adoptent une position visiblement neutre et qui appellent à une fédération de toute la jeunesse sont traités de tous les noms d’oiseaux et « priés » de prendre position. Et vite !

Comme si cette jeunesse s’achemine vers un manichéisme rampant, où la liberté d’expression et de pensée n’aura pas droit de cité.

Cet état de déliquescence se traduit également par le fait que beaucoup de jeunes prétendent qu’il faut nécessairement faire allégeance à l’un des mouvements politiques en place pour préparer l’avenir du Niger. Mais nul doute, la plupart de ces jeunes ont en ligne de mire leur propre avenir. Il y’a, certes, ceux qui s’allient à des formations politiques par conviction et pour l’intérêt commun du Niger. Mais nous n’avons ni un « convictiomètre » ni un « honnêtetomètre » pour le savoir maintenant. L’avenir nous le dira à travers les actes que tous et chacun posera. Comme il l’a déjà fait pour beaucoup aujourd’hui.

Un autre problème, et non des moindres, de la jeunesse nigérienne, est que certains jeunes rejettent catégoriquement toute idée de développement ou de sortie de crise, pour la seule et simple raison qu’ils n’en sont pas les initiateurs. Nombrilisme oblige. Ils pensent en effet qu’ils sont nés pour être dirigeants de la moindre organisation, afin de pouvoir la marchander contre un soutien de complaisance au profit de quelque formation politique.

Voilà, malheureusement, une liste, loin d’être exhaustive, des signes apparents de la jeunesse nigérienne. Au même moment, la liste des défis qui l’attendent s’allonge, pathétiquement, chaque jour que Dieu fait. On peut citer le cas d’extrême pauvreté qui nous a valu la place de bon dernier selon le rapport mondial sur le développement humain 2009 (dont le thème est : lever les barrières : Mobilité et développement humain).

Selon le rapport mondial sur la corruption de Transparency International 2008 (dont le thème est : La corruption dans le secteur de l’eau), le Niger est classé 123è sur 180 pays, avec une note de 2,6. Les optimistes diront que ça va mieux, pour autant qu’on ne soit pas le dernier. Mais allez voir la corruption dans l’administration, et …dans les attributions de marché.

Par ailleurs, selon le rapport annuel de septembre 2009, de l’Institut National de la Statistique du Niger, le Niger a le plus grand taux d’inflation de l’Indice Harmonisé des Prix à la Consommation (IHPC) de la zone UEMOA. Le Niger a un taux d’inflation de 11,4% alors que la moyenne dans la zone est de 6,5%.

Il ressort clairement, en se basant sur des critères objectifs, que la situation du Niger est très peu enviable.

En plus de tous ces problèmes, dont le nigérien commence déjà à s’habituer, il faut compter désormais les problèmes que le Niger risque d’avoir avec les autres pays du monde (CEDEAO, Union Européenne,..). Même le plus optimiste reconnaîtra que le Niger n’est pas préparé à ce genre de difficultés.

Voilà ce Niger dont nous disons tous être fier. Certes. Mais la question est de savoir s’il est fier de nous.

Certains diront probablement que la situation au Niger n’est pas aussi délétère qu’elle n’est présentée ici, et que ça va aller Incha’ Allah.

D’autres verrons, par contre, une réalité à travers ces lignes. Je m’adresse donc aux deux groupes. Soyons lucides. Ne laissons aucune place à l’attentisme et réfléchissons ensemble pour un Niger meilleur. Plaidons pour la création d’une force alternative qui s’engagera à étudier les questions d’intérêt national. Une force qui fera des propositions dans tous les domaines de la vie au Niger (santé, éducation, lutte contre la pauvreté et la corruption, insertion socioprofessionnelle des jeunes, bonne gouvernance, promotion et culture de la paix,…). Soyons cette force qui analysera les réformes en cours et qui apportera ses critiques constructives ou son soutien. Soyons une jeunesse débout et unie. Une jeunesse qui sait taire ses divergences pour avancer, malgré les convictions politiques ou apolitiques. Une jeunesse qui redonnera espoir à ceux qui ont cessé de croire à l’avenir. Une jeunesse qui construit, aujourd’hui, le Niger de demain.