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Updated: il y a 55 min 49 sec

Niger - Assainissement des finances publiques : La Coldeff est-elle à bout de souffle ?

26/07/2024

Partie sur des chapeaux de roue avec des sorties médiatiques pour annoncer le butin de guerre, la Commission de Lutte contre les Délinquances Economiques, Financières et Fiscales (Coldeff) semble, aujourd’hui, au ralenti. L’institution de contrôle de gestion publique, dirigée par le Colonel de Gendarmerie Abdoul Wahid Djibo, serait en quelque sorte stoppée dans son élan tonitruant du départ. Qu’est-ce qui pourrait expliquer, aujourd’hui, la grippe actuelle qui semble atteindre la Coldeff qui se noie, progressivement, dans la routine administrative habituelle ?

Un manque de volonté politique clairement affichée

Au lendemain des événements du 26 juillet 2023 ayant conduit au renversement du régime de la renaissance, beaucoup de Nigériens avaient fondé de grands espoirs dans le rétablissement de la justice sociale, l’assainissement des finances publiques et la moralisation de la vie publique nationale. Car, ce régime avait brillé de façon négative dans ce domaine. Il fallait donc pour le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (Cnsp) ’engager un grand chantier dans cette direction importante chère aux Nigériens. La mise en place de la Coldeff procédait sans doute de la prise en compte de cette exigence populaire de nettoyer les écuries d’Augias. Mais, malheureusement, le manque de rupture totale avec l’ancien ordre politique n’aura pas permis d’avoir le recul nécessaire pour mener efficacement ce combat de restauration de l’orthodoxie de gestion. En effet, l’on s’est vite aperçu que le changement profond auquel l’on s’attendait, après le renversement du régime de la renaissance, ne s’est guère opéré. En règle générale, après un coup d’Etat, les compteurs sont remis à zéro pour un nouveau. Mais, dans le cas de celui du 26 juillet 2023, l’on n’a pas assisté à ce remue- ménage profond afin de dresser un état des lieux exhaustif de toute la gestion du régime déchu et de celui qui l’avait précédé et dont, en réalité, il n’était que la continuation qui avait mal marché. Pratiquement, tout était resté en place, intact pour que rien ne bouge. Pire, les militants du principal parti de l’ancienne majorité au pouvoir, à savoir le Pnds/ Tarayya, étaient restés aux postesclés du pays. C’est par exemple le cas au niveau du Ministère des Mines où les mêmes à l’origine de tout ce désastre que le secteur minier national a connu ont été maintenus ou reconduits à leurs postes.

C’était dans un contexte pareil que la Coldeff a été mise en place, et dont l’on voulait qu’elle puisse atteindre de bons résultats. Or, en maintenant pratiquement l’ancien système administratif et technique, avec des cadres pleinement impliqués dans la gestion désastreuse du régime de la renaissance, le Cnsp n’aura pas, véritablement, aidé la Coldeff dans sa mission de redressement des finances publiques. C’est ainsi que d’anciens dossiers de scandales politico-financiers emblématiques, comme ceux du Ministère de la Défense Nationale (MDN) ou l’affaire dite de l’Uraniumgate, ont tout simplement disparu de la circulation, volatilisés dans la nature. C’est plus surprenant concernant le dossier du MDN dont la Justice, en son temps, s’était même saisie. Pourquoi ce dossier n’est plus à l’ordre du jour de la Coldeff, aujourd’hui, pourrait-on se demander légitimement ? Eh bien, la réponse en est simple, car certains des protagonistes de l’affaire ont encore pignon sur rue dans la transition politique actuelle. Et pour cette raison, le dossier du MDN n’a pas pu être enrôlé par la Coldeff .Il en est de même, manifestement, pour d’autres dossiers scandaleux du régime de la renaissance.

Comme on peut donc le voir, l’absence de rupture totale avec l’ancien régime aura durablement plombé l’oeuvre d’assainissement des finances publiques et de moralisation de la vie publique nationale. A quoi viennent s’ajouter les méthodes discutables de la Coldeff.

Les méthodes-cowboy de la Coldeff ont-elles atteint leurs limites objectives ?

L’Ordre National des Avocats du Niger s’est, le premier au Niger, indigné contre les méthodes de la Coldeff, dont entre autres l’interdiction faite aux conseils juridiques des mis en cause d’assister leurs clients lors des interrogatoires devant la Commission. Le Syndicat Autonome des Magistrats du Niger (SAMAN) y était aussi allé de son petit grain de sel dans cette croisade contre la Coldeff. Ainsi prise en sandwich entre ces deux institutions, en plus du manque de volonté politique pour lui donner des moyens assez conséquents pour mener à bien ses missions, la Coldeff peine, aujourd’hui, à atteindre sa vitesse de croisière. Les dispositions légales de son dessaisissement au profit de la Justice, lorsque le dossier est susceptible de recevoir une qualification pénale, plus celles relatives aux cas de contestation des faits par les mis en cause, n’ont pas, véritablement, facilité le travail de la Coldeff. Du coup, sans une synergie d’action avec l’institution judiciaire, la mission de la Coldeff s’en trouve, aujourd’hui, plombée. En fait, la méthode dissuasive de faire payer les mis en cause aura montré ses limites lorsque ceuxci viennent à contester les faits qui leur sont reprochés. Et dans ces conditions, elle n’a plus d’autre choix que transmettre le dossier à la Justice qui pourra décider, en toute indépendance, de la suite à donner à l’affaire. Au début, la méthode dissuasive avait semblé, relativement, bien marché, car les mis en cause avaient été impressionnés et intimidés par les méthodes musclées auxquelles la Coldeff avait eu recours pour obtenir payement des montants réclamés. Mais, depuis, peut-être, la jurisprudence Me Adamou Souna, ancien président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (Ceni), poursuivi pour le dossier du rapport de la Cour des Comptes, la Coldeff a pris du plomb dans l’aile, ces derniers temps, semble-t-il. En cause, le manque de complémentarité entre elle et la Justice, sans doute. Ayant probablement compris cette guéguerre, cette guerre de chapelle entre Justice et Coldeff, les mis en cause ne se gêneraient point pour demander à la Coldeff que leurs dossiers soient transférés à la Justice, puisqu’étant rassurés, une fois, entre les mains des juges, ils pourraient s’en tirer facilement avec les arguties juridiques de leurs avocats pour convaincre les magistrats.

Voilà, en fait, les raisons qui font, aujourd’hui, que la Coldeff paraît fringante qu’elle ne l’était, il y a quelques temps ! Sa procédure costaude, énergique, voire radicale, des premiers mois aura atteint, visiblement, ses limites face à la complexité du fonctionnement de l’appareil judiciaire qui aura considéré que la Coldeff était venue chasser sur ses terres sans son autorisation. Quelle désillusion !

Halidou Maiga (Le Monde d’Aujourd’hui)

 

L’impossible dialogue entre la CEDEAO et l’AES ?

26/07/2024

 La CEDEAO et l’AES, c’est un secret de polichinelle, sont en conflit ouvert depuis plus d’un an. Face aux différents coups d’Etat au Sahel, elle ne sut jamais quelle attitude plus responsable adopter pour gérer les différentes crises, réagissant à chaque fois épidémiquement pour juste aggraver la situation. Ses premiers médiateurs, envoyés de partout et notamment du Nigéria, ne purent rien changer à la donne, le dialogue étant devenu difficile entre l’organisation communautaire et ses Etats membres mis sur le banc. Les Nigérians ont tout de même réussi à émousser les ardeurs de leur Président Tinubu qui a surpris le monde à se faire un valet de la France conquérante. Tout le monde avait butté contre un mur : l’AES étant ferme sur sa décision de partir de l’organisation, ne voulant plus rien négocier avec elle. La situation est d’autant compliquée que les peuples sont d’accord avec une telle position. Mais, la CEDEAO qui se rend bien plus tard compte de ses erreurs, tente d’apaiser les tensions, affirmant, sans qu’on ne l’entende du côté du Sahel, qu’elle serait toujours ouverte au dialogue, et craignant sans doute qu’elle ne soit la victime de ses propres turpitudes. C’est ainsi qu’au sortir de son dernier congrès, alors qu’elle prenait acte de la déclaration de sortie de l’organisation prononcée depuis un an par les Etats de l’AES, on l’entend quand même, sans doute effrayée, qui adopte une autre attitude qui vise toujours à ramener les trois pays en son sein, en nommant notamment des médiateurs pour aller prendre langue avec les trois pays. L’initiative est peut-être louable, mais elle vient plus tard, ce après que les Etats de l’AES aient pris certaines initiatives qui posent désormais les jalons de la structuration de nouveau cadre de concertation en vue de prendre en main un certain nombre de défis qu’ils partagent, tout en mettant en synergie leurs économies, leurs cultures et leurs peuples afin de créer un véritable cadre qui rassemble dans la solidarité.

Pourtant, un jour avant le sommet du désespoir d’Abuja, les Chefs d’Etat de l’Alliance des Etats du Sahel qui se réunissaient à Niamey, réitéraient leur sortie du cadre de la CEDEAO où ils n’entendent plus retourner. Mais contre toute attente, espérant les diviser sans doute sur ce point, le sommet des chefs d’Etat de la CEDEAO décidait de désigner des médiateurs pour venir négocier un retour problématique pour ne pas dire impossible des Etats. Il y a deux personnalités désignées pour la mission impossible.

Le Président togolais…

C’est peut-être une bonne carte à jouer quand on sait que ce dernier a des bonnes relations avec l’AES et notamment avec le Niger où, face aux extrémismes de Talon qui fermait sa frontière contre le Niger, il vint en secours pour ouvrir son corridor afin de permettre un approvisionnement régulier du Niger, refusant d’être solidaire des mesures iniques, inhumaines contre le peuple frère du Niger. Mais, lui aussi sait les radicalités auxquelles ses pairs de la CEDEAO avaient poussé les Etats membres de la CEDEAO et pourrait même comprendre leur position pour ne pas tenter de les obliger à revenir alors que le monde entier a entendu les fermetés qu’ils avaient à prendre ces décisions somme toute souveraines. Les Chefs d’Etat de l’AES pourraient donc être gênés de ne pas le recevoir, quand on sait les bonnes relations qu’il a su garder avec eux pendant que la CEDEAO les brutalisait, cherchant à les humilier pour les plaisirs cyniques de la France. Mais cette question reste et demeure : que peut-il arracher à l’AES pour contenter la CEDEAO au désarroi ? Patrice Talon sait qu’il n’est pas la bonne personne pour une telle mission au niveau de l’AES surtout quand on peut apprendre, après le Niger, les accusations graves que le Président de la transition burkinabé portait contre son pays et contre la Côte d’Ivoire la semaine dernière, notamment lorsqu’il les accusait d’abriter des bases militaires étrangères et notamment françaises pour déstabiliser son pays et tous les pays de l’AES. Tant qu’il n’apportera pas les preuves qui discréditent cette accusation, il sait qu’il ne peut être entendu par ces dirigeants qui ont énormément de choses à lui reprocher. Peut-être que lui veut se servir de la CEDEAO pour se rapprocher de voisins dont il a compris tardivement l’intérêt qu’il a à privilégier avec eux de bonnes relations. Il risque donc d’être le grain de sable dans la machine qui risque de caler le moteur de cette médiation pour voir la mission tomber à l’eau parce qu’un cadre de confiance mutuelle si nécessaire devrait faire défaut par la qualité au moins d’un des médiateurs. Plus d’une semaine après la désignation des médiateurs, l’on n’a aucune nouvelle d’une initiative pour une éventuelle rencontre, un premier round qui pourrait donner à espérer que le fil du dialogue serait renoué entre les deux composantes. Là aussi, une question se pose : pourquoi, sachant bien les difficultés qu’il a avec les autorités du Sahel, Patrice Talon voudrait quand même venir négocier avec elles ? Peut-il ne pas savoir que sa présence dans l’équipe, pourrait rendre difficile, pour ne pas dire impossible, une éventuelle rencontre avec des Chefs d’Etat qui, pour ce qu’ils lui reprochent enfin, notamment ses complicités avec la France chassée du Sahel, ne peuvent pas accepter de parler avec lui ? Peut-être qu’il l’a compris depuis quelques jours car l’on peut croire que le Président togolais ait déjà initié quelques contacts pour s’entendre dire justement ces réticences du fait de sa présence dans une délégation qui viendrait à faire le tour des trois capitales. Le moteur ronronne ; ça ne semble pas marcher.

Peut-être, qu’à l’ombre, des ministres des affaires étrangères ont déjà tenté des contacts infructueux. Tout le monde connait la position des pays de l’AES par rapport à ce dossier. Pour eux, la CEDEAO appartient désormais à l’Histoire. Pour eux, ce qui compte aujourd’hui est d’avancer, de regarder droit devant eux et de croire en l’avenir. Et cette AES en est d’autant consciente qu’elle sait qu’en misant avec sa monnaie unique, elle pourrait, provoquer lorsqu’elle sera publiée, la débandade au niveau de la CEDEAO dont bien de membres et certains pays aux monnaies fragiles, pourraient décider de la rejoindre, pour venir s’affirmer avec une nouvelle monnaie qui casse le lien avec la France et permettre à leurs économies d’émerger.

La seule issue est sans doute de ne pas avoir cette CEDEAO belliqueuse avec l’AES, car au moins, il reste des choses à préserver et qui sont du quotidien des peuples : leurs échanges, leurs économies aujourd’hui interdépendantes. Le Sahel est un grand marché et notamment pour ces Etats côtiers. S’ils n’ont pas le Sahel, leur marché, comme peau de chagrin, va s’étioler tristement. Certains ont commencé à le vivre déjà car eux ont compris que le Sahel, ce n’est pas qu’un désert, c’est une vie, c’est une économie dynamique, c’est un partenaire économique important.

Et depuis, le Sahel, par ces malentendus qu’il a et avec le reste de la CEDEAO, a compris, par l’immensité de ses terres, de ses richesses, de ses peuples, qu’il est une puissance sous-régionale qui compte dans la balance de la géopolitique. Personne ne peut plus lui imposer quelque chose. Et surtout pas des « esclaves de salon ».

Mairiga

Éditorial du journal Le Courrier – AN 1 du CNSP : Marchons Ensemble...

25/07/2024

Voici donc un an que nous marchons avec le CNSP et toute l’armée nigérienne qui firent le choix historique de débarrasser le pays de la gestion calamiteuse des Renaissants, aujourd’hui, quoi qu’on dise et nonobstant certaines appréhensions tout à fait légitimes, rattrapés par l’Histoire. Cette nouvelle histoire, nous l’écrirons avec notre sueur et notre sang s’il le faut. Les socialistes frelatés nigériens peuvent-ils enfin avoir compris, que les misérables vies et les vanités ne valent rien et qu’il suffit d’un rien pour sombrer ? Comme quoi, on n’est jamais l’Homme le plus fort tout le temps pour avoir l’arrogance de toiser Dieu et croire qu’on serait suffisamment plus puissant pour tout régenter au milieu des hommes. Voici donc un an que nous marchons, fièrement avec notre armée, heureux de retrouver les délices de la dignité et de la fierté même lorsque, assumant un tel choix, nous traversons des moments compliqués. On ne va jamais à la liberté et à la dignité par des voies faciles. Il y a toujours un prix à payer, des sacrifices à consentir. Où sont ceux qui, hier, avec tant d’insolence, narguaient les Nigériens, se moquaient de tous ? Pourquoi devenaient- ils subitement humbles et discrets ?

Et nous triomphons.

Depuis un an, tout a changé dans le pays. Il est vrai qu’un élan s’est émoussé, que des hommes et des femmes avaient commencé à douter et à hésiter. Mais notre marche reste altière, exaltée, exaltante, pour toujours, tant qu’il s’agira de se battre pour le Niger, nôtre, que nous aimons tant. Ce n’est donc pas le temps de s’effrayer, de renoncer à l’élan qui nous anime à affronter, ensemble, notre destin de peuple libre et fort, de peuple digne et combatif. Oui aujourd’hui comme hier, nous resterons cramponnés à notre lutte commune. Et demain, nous resterons sur les chemins. Ensemble.

Et nous triompherons.

Depuis des mois, nous avions vaincu les méchants. Notre pays est entre les mains de ses filles et fils et nous marchons, heureux de nos vies assumées, et de nos rêves nouveaux pour reconstruire notre avenir. Oui, nous marchons et nous ne sommes plus seuls sur les chemins, les durs chemins de la liberté. C’est avec nos frères du Mali et du Burkina Faso que nous écrivons la nouvelle grande épopée de la nouvelle Afrique dont rêvent les Africains du nouveau siècle. Nous rendons hommage à notre jeunesse qui avait été le fer de lance de cette lutte souverainiste engagée par le peuple, sous l’impulsion d’un CNSP qui a compris les enjeux de la conjoncture historique actuelle.

Demain encore, avec notre armée, nous poursuivrons la marche. Pour le meilleur de notre peuple, et tant qu’à faire, si nous devrons vivre, encore, des moments difficiles. Et nous avançons avec la certitude que, demain, un nouveau jour se lèvera pour nos pays, pour l’AES que toute l’Afrique regarde aujourd’hui, posant sur elle, son espoir ultime de se libérer des méchants. Pour la dignité de tous les peuples, il a fallu que des générations se sacrifient. Une génération l’a compris aujourd’hui, et à elle et à sa mémoire, demain, un autre jour, nous lui dresserons une stèle pour l’immortaliser et marquer, dans le marbre, sa force et son intelligence qui, pour toujours, inspireront les générations à venir.

Oui, nous restons dans le combat. Et demain, si proche sans doute, avec nos autres alliés du Sahel, nous triompherons.

Ali Soumana (Le Courrier)

Scandale financier sous la 7ème République : Présumé détournement de plus de 5 milliards à la Primature

25/07/2024

En février 2021, deux mois avant l’accession, par effraction, du poulain d’Issoufou Mahamadou au pouvoir, les services de la Primature ne savent plus où donner de la tête. Pour cause, les conclusions de l’audit effectué sur les comptes du Dispositif national de prévention et de gestion des crises alimentaires (DNP/GCA). Des conclusions accablantes fort embarrassantes pour l’ancien régime. L’audit, qui couvre la période les années 2017 et 2018 a révélé un détournement de 5 654 441 684 francs CFA. Ce détournement a été commis à travers des dépenses non comptabilisées à hauteur de 89 105 079 FCFA, des avances non justifiées qui se chiffrent à 5 260 775 077 FCFA, ainsi que des insuffisances de pièces justificatives concernant 304 561 528 FCFA. Ce scandale que la Primature a essayé d’étouffer à tout prix a d’autant affecté la Primature que ses services ont eu du mal à apporter les justifications aux montants incriminés. Selon le rapport d’audit mené par le cabinet mazars, ça a chauffé, les uns et les autres s’étant rejeté les responsabilités. Dans le flou constaté par l’audit, notamment à propos de l’absence de nombreuses pièces justificatives et de traçabilité des dépenses effectuées, chacun s’est battu pour sa chapelle. L’audit a relevé jusqu’à l’absence de termes de référence. Pourtant, l’argent a coulé à flots, gonflant sans doute les comptes bancaires de certains grands commis de l’État. Dans les relevés bancaires, des paiements non comptabilisés ont été identifiés. Ils s’élèvent à 26 256 385 FCFA en 2017 et à 62 848 694 FCFA en 2018, soit un montant total de 89 105 079 FCFA.

Des achats de céréales sans factures

À la fin de l’exercice 2018, l’audit a relevé quelques 5 260 775 077 FCFA d’avances faites, notamment, à des organisations non gouvernementales (ONG) qui sont inéligibles. Il a été alors demandé au Dispositif national de prévention et de gestion des crises alimentaires d’apporter les pièces justificatives des opérations réalisées. Des pièces justificatives abondamment fournies, selon le rapport d’audit, mais non valables. Les transactions de la cellule SAP (Système d’alerte précoce) relatives à certaines activités, notamment des ateliers et des formations, mettent en lumière l’absence de pièces justificatives. C’est le cas, note le rapport, de l’atelier du cadre harmonisé de novembre 2018, de l’enquête sur la vulnérabilité à l’insécurité alimentaire des ménages, édition 2018, ainsi que de l’atelier du cadre harmonisé de novembre 2017.

Les achats directs de céréales par l’Office des produits vivriers du Niger (OPVN) n’ont pas échappé à la vigilance des auditeurs. On y décèle des achats de céréales pour lesquelles il n’y a pas de factures, tout comme les auditeurs n’ont trouvé aucune preuve que certaines prestations ont été effectuées. C’est le cas d’un contrat signé avec un prestataire dont Le Courrier a tu l’identité et pour lequel un montant de 15 600 000 FCFA a été affecté mais non soutenu par une facture. Il y a eu aussi plein d’autres transactions, évaluées à 46 150 000 FCFA. Au total, c’est un montant de 304 561 528 FCFA qui est mis en cause dans la catégorie « absence de pièces justificatives ».

Des contributions de bailleurs de fonds non comptabilisées

Cherchant à mieux affiner leur analyse, les auditeurs ont requis l’avis de confirmation de solde des bailleurs de fonds. Leurs réponses sont sans équivoque. Certaines contributions n’ont pas été comptabilisées. C’est le cas, en 2017 comme en 2018, pour des fonds mis à disposition par la coopération suisse, l’ambassade de France au titre de la contribution au fonds commun des donateurs (FCD) et de la Coopération suisse au titre de l’appui institutionnel. Le désordre, peut-être sciemment organisé afin de faire perdre les traces des actes délictueux, est sans pareil. Ainsi, les subventions versées par la Coopération du Luxembourg, à hauteur de 655 957 000 FCFA, de Monaco pour un montant de 91 833 980 FCFA et de l’Espagne pour un montant de 655 957 000 FCFA, ont été enregistrés dans le compte dédié au FCD. À tort, relèvent les auditeurs.

Un désordre financier peutêtre délibéré

Le désordre dans les écritures comptables du DNP/GCA est pratiquement une tradition sous Issoufou Mahamadou puisqu’on le relève également dans la gestion de 2016. La mission d’inventaire à la clôture de l’exercice de 2016 n’a couvert que les régions de Dosso, Tillabéry et Niamey. Pourtant, un audit précédent, d’un autre cabinet, de l’exercice 2016, daté de décembre 2018, a fait l’amer constat de l’impossibilité de statuer là-dessus du fait des incertitudes sur les stocks. Il était impossible de reconstituer le stock national de sécurité au 31 décembre 2016, notamment, en raison de l’absence des mouvements de stocks du centre Lazaret. Pourtant, les stocks d’ouverture de l’exercice 2017 sont estimés à 23 432 039 319 FCFA. Les auditeurs ont d’ailleurs découvert, en procédant à un rapprochement entre les rapports d’inventaire et les stocks du DNP/GCA en comptabilité, une sous-évaluation du stock en 2017 à hauteur de 226 777 770 FCFA et 1 281 894 143 FCFA en 2018.

Dans le rétroviseur, rien que des scandales à milliards

Depuis l’arrivée du PNDS au pouvoir en 2011 jusqu’à sa chute en juillet 2023, les scandales financiers ne se comptaient plus et on pourrait sans doute dire que l’évaluation de ce qui a été détourné au cours des 10 années de gouvernance «issoufienne» est loin de toute imagination. Tous les secteurs, tous les fonds y passaient, y compris ceux qui étaient affectés à la sécurité militaire et à la sécurité alimentaire. En février 2020, un audit des fonds de l’armée a révélé un scandale de détournement de plusieurs dizaines de milliards commis entre 2014 et 2019. Et en 2015, alors que les populations de Diffa subissaient de plein fouet les exactions de Boko Haram, 15 000 tonnes de riz, offertes par le Pakistan pour venir en aide aux populations durement éprouvées, ont été détournées et vendues au port de Cotonou à des fins personnelles.

Laboukoye (Le Courrier)

Revue conjointe des projets de la Banque Mondiale au Niger : Le Premier Ministre, M. Ali Mahamane Lamine Zeine mobilise les acteurs clés

25/07/2024

Le Premier Ministre et Ministre de l’Économie et des Finances, M. Ali Mahamane Lamine Zeine, a dirigé aujourd'hui à l'hôtel Radisson Blu de Niamey la revue conjointe des projets financés par la Banque Mondiale au Niger.

L'objectif de cette revue est clair : évaluer la performance des 27 projets en cours, résoudre les obstacles rencontrés et améliorer l'efficacité globale du portefeuille, qui s'élève à plus de 2500 milliards de francs CFA. Ces projets couvrent des secteurs vitaux tels que l'eau, l'énergie, l'agriculture, l'éducation, et la santé. Il est crucial de noter que 1800 milliards de francs CFA restent encore à être décaissés.

Lors de son discours, le Premier Ministre Zeine a exprimé sa gratitude envers les participants, soulignant l'importance de cette collaboration avec la Banque Mondiale. Il a également abordé les sanctions imposées par la Banque après les événements du 26 juillet 2023, tout en insistant sur la nécessité de réorienter les projets pour mieux répondre aux besoins actuels du pays.

Han Fraeters, représentant de la Banque Mondiale au Niger, a réitéré l'engagement de l'institution à maintenir une collaboration transparente et efficace. Il a rappelé que ces projets sont conçus par le Niger et pour le Niger, avec pour objectif d'améliorer le bien-être de sa population.

La cérémonie a réuni des membres du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), du gouvernement, ainsi que divers dignitaires et invités, marquant une étape significative dans la coopération entre le Niger et la Banque Mondiale.

Boubé G. (Nigerdiaspora)