L’or blanc : une carrière inexplorée

Salamatou MOUSSA HAROUNA
Master 2 Marketing/Management des IAA
Montpellier 

Contrairement à l’uranium, l’or blanc n’est pas toxique, ni radioactif. Il se consomme frais ou transformé et ne nécessite pas une foreuse pour être puisé. Il contribue faiblement à la richesse des exportations alors que son exploitation pourrait rehausser le PIB du Niger. Face à la prise de conscience mondiale sur le développement durable, faut-il choisir entre l’uranium, richesse éphémère, et l’or blanc, pur et inépuisable ?

Au Kenya1, de réelles volontés politiques ont permis d’élaborer de grandes stratégies pour développer la filière laitière, de l’éleveur jusqu’au consommateur. En amont, les producteurs sont organisés en GIE (groupe d’intérêt économique) ou en coopératives afin de faciliter la formation aux techniques d’élevage et de sélection animale. La structuration de la filière permet d’organiser la production de lait en quantité et en qualité optimales. En aval, la confiance des consommateurs n’en est que plus accrue et rentabilise le marché local. Plus la filière est soutenue, plus la satisfaction des besoins laitiers augmente au point où l’excédent est exporté. Un autre soutien déterminant à la filière locale est la hausse des taxes à l’importation de la poudre de lait qui concurrence fortement le lait local. A cela s’ajoute les subventions à la production.

Face à « l’hypocrisie politique » au Niger, la nouvelle base du développement laitier passe par la prise de conscience des producteurs. Ces derniers sont majoritairement illettrés. Ils ont donc besoin d’être conseillés, formés et guidés vers une réussite économique de leur activité. Il existe des soutiens associatifs (Associations et ONG, locales ou internationales) mais ils ne peuvent être individuels. D’où la nécessité d’une organisation de producteurs (coopératives, Organisations Paysannes, GIE…). Cette tâche est sans nul doute l’une des plus compliquée dans un pays comme le Niger mais pas impossible. Il faut savoir approcher, dialoguer, inciter et transmettre les bases nécessaires (hygiène, suivi vétérinaire…) pour une production laitière quantitative et qualitative.

La prochaine étape consistera à bien gérer cette production. Il s’agit d’organiser la collecte du lait et le valoriser sur le marché. Il peut être vendu tel quel ou transformé (fromage, yaourt…) Le climat et le réseau routier ne sont pas favorables pour investir de façon rentable dans un réseau de collecte et de distribution. Le marché des produits laitiers est fortement concurrencé au Niger par les produits importés. Pour être compétitif, le lait local doit être moins cher et disponible. Si les producteurs sont très bien organisés, ils peuvent faire pression sur l’Etat pour augmenter les taxes aux importations laitières et obtenir des subventions d’exploitation.

Face à Niger-lait, SOLANI et les autres leaders du marché laitier au Niger, le rapport de force est élevé. Les paysans doivent donc être représentés par des négociateurs de haut niveau et des gestionnaires rigoureux. Ces cadres sont convaincus par la cause paysanne et de sa contribution à la réduction de la pauvreté. L’optimisme et l’endurance remplacent la fatalité. L’intérêt général prend le dessus sur l’égoïsme.  De ce fait, l’or blanc sera aussi rentable pour la nation que l’uranium, avec plus d’avantages dans le long terme.

Voici donc un bref résumé d’une démarche de valorisation de la filière laitière. « Plusieurs chemins mènent à Rome », dit-on. C’est pourquoi la démarche proposée est générale. Elle peut être adaptée en fonction des réalités du terrain et des conjonctures politico-économiques mondiales et régionales (CEDEAO, UEMOA…)

Je conclurais sur ces mots : « L’espoir fait vivre. Je vis d’espoir pour nos paysans »

• 1. Pour plus de détails sur le cas Kenyan voir le site du Kenyan Dairy Board