Que nous dit la Balance Commerciale du Niger?

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Le déficit chronique de la Balance Commerciale depuis près de deux décennies est-il constructif pour l'économie nigérienne ou bien traduit-il notre enlisement? Quelles sont les voies de sorties? Notre première analyse sur les exportations nous conduit aux conclusions ci dessous.

Résumé

La balance commerciale d’un pays retrace, généralement sur une année, la valeur des biens et services exportés de ce pays et celle des biens et services importés vers ce pays. Lorsque la valeur des exportations est supérieure à celle des importations, la balance commerciale est dite excédentaire. Dans le cas contraire, on parle de déficit commercial.

Un déficit commercial n’est pas en soi une mauvaise chose. Il ne représente pas toujours des pays qui dépensent plus qu’ils ne gagnent mais aussi des pays qui investissent plus que ce qu’ils ont épargné, leur économie étant assez attractive pour attirer les capitaux extérieurs. La plupart des pays qui sont passés d’un stade de sous-développement au développement ont traversé une période de déficits significatifs durant laquelle ils ont constitué leur potentiel productif et amélioré leur compétitivité. 

Le déficit chronique de la Balance Commerciale depuis près de deux décennies est-il constructif pour l'économie nigérienne ou bien traduit-il notre enlisement? Quelles sont les voies de sorties? Notre première analyse sur les exportations nous conduit aux conclusions ci dessous.

  • Le secteur minier constitue de  manière écrasante le premier poste d’exportation, l’uranium en tête. Avec l’exploration et l’exploitation de nouveaux gisements et de nouveaux minerais, ce secteur continuera de drainer les principales ressources d’exportation du Niger.  Il faut néanmoins noter que le Niger n’a pas la maîtrise sur ce secteur contrôlé par des sociétés étrangères. La politique de diversification des partenaires engagée par le gouvernement, en y introduisant plus de concurrence, permettra probablement au Niger d’avoir plus de retombées dans les prochaines années. Mais force est de constater que depuis l’indépendance, l’Etat n’a pas su favoriser l’émergence de cadres et de sociétés sous son contrôle capables de maîtriser l’exploration, l’exploitation, la transformation et la mise en valeur de nos ressources minières et aptes à rivaliser et à traiter d’égal à égal avec les partenaires extérieurs.
  • Le second poste d’exportation est constitué des produits de l’élevage et de l’agriculture. Ce poste est à lui seul l’illustration du manque de stratégie et de planification dont ont fait preuve les équipes dirigeantes de notre pays depuis l’indépendance. Nous exportons des produits bruts sans aucun effort de transformation. S’il faut saluer l’effort de diversification des produits exportés notamment avec la promotion de la gomme arabique et du sésame, la déception est grande de voir que là aussi nos gouvernements successifs n’ont pas su stimuler et faire émerger une chaîne de création de valeur ajoutée alliant gros producteurs, industrie de transformation et négociants internationaux. La production est rudimentaire et reste tributaire des aléas climatiques. Et pourtant nous disposons d’avantages comparatifs décisifs que ce soit pour l’exploitation de nos ressources animales ou pour des produits.
  • Nos exportations sont concentrées principalement sur deux pays, le Nigéria et la France, ce qui donne à ces derniers un pouvoir énorme sur notre économie. Cela doit nous interpeller pour mieux structurer, organiser et consolider nos échanges avec ces partenaires. Avec le Nigéria, le défi majeur reste la formalisation du commerce pour permettre une meilleure maîtrise des flux réels entre nos deux pays et aussi pour faire profiter l’Etat des retombées de ce commerce. Avec la France (et l’Europe plus généralement), nous pensons que le Niger devrait intéresser ce partenaire à ses produits agro-pastoraux. La construction de l’abattoir moderne de Niamey est un atout à valoriser dans ce sens. Il est entendu que la diversification des partenaires devrait être poursuivie.
  • La part de nos exportations vers l’UEMOA est ridicule au vu des avantages qu’offre un espace économique et monétaire commun, sans compter que le Niger ne profite que trop peu de sa position de carrefour entre le Maghreb et l’Afrique Subsaharienne. Pour s’approvisionner en des produits disponibles au Niger, beaucoup de pays de l’UEMOA et du Maghreb s’adressent à des pays lointains pendant que nous, à leurs frontières, nous n’arrivons pas à leur offrir une alternative crédible.  
  • La structure des exportations nous montre aussi que le Niger n’est actuellement positionné sur aucun créneau d’avenir à valeur ajoutée notamment les énergies renouvelables avec le solaire ou même le nucléaire, l’économie de la connaissance avec la constitution d’expertises sectorielles reconnues, les nouvelles technologies de l’information et de la communication ou les biotechnologies. Pourtant, le Niger ne manque pas d’atouts au moins pour les deux premiers.    
  • Les  points ci-dessus nous montrent que le déficit structurel de la balance commerciale n’a pas servi à moderniser l’économie par un renforcement des capacités ou une meilleure maîtrise de la chaîne de valeur de nos produits d’exportations classiques. Il n’a pas non plus servi à faire émerger de nouveaux produits d’exportation à valeur ajoutée ni à conquérir les marchés de pays voisins. On pourrait se demander si ce déficit a alors servi à consolider le marché intérieur mais la faible activité industrielle et le caractère rudimentaire de notre économie nous font répondre rapidement par la négative. Donc le déficit commercial n’a servi qu’à endetter notre pays et à accroître sa dépendance à l’aide extérieure. Mais comme souligné avec quelques exemples de perspectives mentionnées, cette situation n’est pas sans issue et il appartient au Niger de faire un effort pour profiter au maximum de ses atouts commerciaux.

Nous reconfirmerons ces conclusions et envisagerons de nouvelles voies de sortie dans une prochaine publication, où la suite de cet article se penchera sur nos importations. Si vous souhaitez allez plus dans le détail de cette analyse, nous vous recommandons de lire l'article entier en cliquant sur les liens suivants.

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